« Marge de Sécurité »
Salut à tous !
St Martin en Vercors Décollage 13 h 30 – pilotes : Alban, Eric L., Stéphane B, Maxence et moi
Maxence décolle en 1er, puis Alban, Eric, Stéphane, un bi placeur de St Martin et moi en dernier, face voile assez facile. Les pilotes en l’air sont déjà au-dessus de la forêt et j’enroule avec le bi placeur. Stéphane, Eric et Alban partent direction La Vierge. Maxence est encore avec moi devant le déco. Le bi placeur part en vallée et moi je rejoins le groupe qui a déjà dépassé les falaises de St Martin côté Nord.
Nous faisons ensemble le trajet jusqu’à la croix…
Les thermiques sont faibles mais nous maintiennent en ligne de crête. Maxence qui a été obligé de faire demi-tour par manque de hauteur, rejoint l’attéro.
Eric et Stéphane arrivent en premier à la croix (lieu-dit « le sapin du Vercors » 1587 m) et font direct la transition sur les falaises de Rencurel.
Je trouve qu’ils sont partis un peu bas et je ne les suis pas. Je leur dis que je préfère attendre que les conditions se mettent en place et que je veux prendre un peu plus de hauteur pour transiter. Alban reste avec moi.
Des promeneurs qui se trouvent au sommet de cette croix, me rendent mon salut. Je suis heureux de cette rencontre : eux sont montés à pied, moi je suis en l’air et on se retrouve ! ce n’est que du plaisir !
Stéphane et Eric, qui ont fini leurs transitions, sont assez bas mais ils trouvent la porte de sortie et se hissent au-dessus des falaises de Roche Chalvé.
Je suis à 1700, voyant que les meneurs se refont bien, je décide la transition et prévient Alban qui est à côté de moi. Je ne perds pas trop et avance confortablement ; je me relaxe (peut-être trop). Arrivé contre les falaises, je me questionne ? Gauche ? Droite ? Non, je bifurque à gauche plein nord.
Je fais mon virage ………………. !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
Ma plume droite est à quelques mètres de la falaise. Tout s’accélère ! Ma vitesse et surtout mon déplacement en translation ! Mon aile glisse sur le côté (falaise), ma plume racle la falaise, se plie et mon propre poids me renvoie percuter la falaise. Toute mon aile s’écroule devant moi ! Là et seulement là, je sais que c’est foutu pour moi. Je glisse la tête en avant dans la falaise, quand soudain ma chute est arrêtée car mon aile s’est accrochée aux jeunes arbres qui poussent sur ces falaises… Je ne suis suspendu que sur un seul élévateur, le droit. Le gauche n’est pas du tout tendu. Je suis sur le bout de mes chaussures et ne peux y rester longtemps.
J’envoie un message radio : « je suis accroché contre la falaise mais je n’ai rien de cassé, je bouge tous mes membres et n’ai pas perdu connaissance, je dois me sécuriser. Reçu Vercors Envol ? «
Alban me répond : oui je t’ai vu et j’atterri au plus vite pour prévenir les secours.
Je le remercie. Montée d’adrénaline !
Je me mets à chercher dans la poche extérieure de ma sellette, mon kit de survie FFVL pour en extraire la corde bleue de 6 mm pour m’assurer une prise.
Faire vite mais bien car je glisse. Je passe ma corde autour d’un jeune arbre qui se trouve au-dessus de ma tête et qui est ma seule prise autour de moi.
Je teste et commence à relâcher la tension sur la voile et je finis par m’asseoir dans ma sellette. Alban me prévient que les secours sont en route. Plus qu’à attendre et se refaire le film dans ma tête. Mais j’ai du mal, la pression redescend ; je regarde ma pauvre voile au-dessus de moi, le vide en dessous : 10 – 20 – 30 m ! je ne sais pas, mais sûr il faut que ça tienne jusqu’à ce que les secours arrivent.
Suspendu pendant 1 H 30, j’ai régulièrement Alban en radio qui organise les secours. Eric vole à côté de moi pour me repérer. Maxence a replié alors qu’il allait redécoller et a rejoint Alban, en ayant auparavant récupéré Eric qui s’est posé.
En radio, Alban me prévient que l’hélico arrive et je l’entends. Après un premier tour pour me repérer et voir où ils vont poser les secouristes, mon évacuation est vite mise en place. Un secouriste se fait descendre en rappel à côté de moi par ces deux autres collègues qui nous assurent et nous remonteront par le même chemin. Arrivée à ma hauteur, il me demande comment je vais. Je lui réponds que bien : tous mes membres bougent, je n’ai pas perdu connaissance mais depuis ½ heure je me bats avec ma sellette pour irriguer ma jambe gauche qui est ankylosée. OK ! tout va bien qu’il me répond. Tu te laisses faire, je te prends en charge. Yes ! Je ne demande que ça mais pas si simple car je suis suspendu sur ma corde et il faut trouver un endroit pour passer les boucles de la corde qui doit me remonter. Elles seront attachées aux mousquetons. On enlève l’élévateur gauche qui n’est pas tendu : facile. Première boucle passée. Le droit est en tension, il faut que je me relève de ma sellette, on y arrive tant bien que mal. OK tout est bon ! il prévient ses collègues qu’ils peuvent me remonter. Le secouriste m’explique ce que je dois faire et me dit que pendant ma remontée, il s’occupera de ma voile. Je le regarde avec étonnement et joie. Il me dit que lui aussi est parapentiste et que l’on tient tous à notre matos ! Je le remercie : pas pour ma voile mais pour l’implication et la mise en œuvre pour remonter celle-ci. Je me questionnais de comment la récupérer et avec qui !!!
Arrivé au point d’ancrage, je me retrouve dans les sous-bois sur la terre ferme. Tremblant mais heureux. L’hélico nous redescend tous en deux voyages au village. Alban m’expliquera que j’ai animé le village pendant toute l’opération hélico !
Ce n’est pas la fatalité ni d’être au mauvais endroit qui m’ont amené là. Mais de ne pas avoir gardé mes distances de sécurité contre la falaise.
Le facteur « chance » est rentré dans le fait que je ne suis pas blessé et que mon aile s’est accrochée aux arbustes. La corde de 2 m m’a aussi sauvé en attendant les secours.
Je remercie Alban Eric Maxence et aussi Stéphane d’avoir été présents pendant et après pour le débriefing autour d’une bière chez Maxence.
Je remercie aussi les secouristes CRS d’Albertville pour leurs professionnalismes et leurs sympathies. Ce sont des secours gratuits et nous avons la chance de les avoir. Pour les remercier je ferai un don à leur association ORCIMES dont ils m’ont parlée.
Parlons matos : mes gants et ma sellette ont bien amorti mon choc (air bag), traces à l’appui.
Pour mon aile : avec Sylvie, nous avons passé hier au soir, 1 heure à la démêler et à vider les caissons. Elle est déchirée sur l’intrados au niveau d’une patte de suspente. Elle va partir en réparation, je lui dois bien ça !!!
N’hésitez pas à commenter !
@ + Pascal
– Animateur sécurité mais pas tout le temps !