Samedi matin, je suis passé à l’étape suivante de mon parcours dans les airs avec mon premier vol solo en haute montagne.Vendredi matin après avoir abandonné ma voiture à la Chapelle en Valgaudemar, direction le refuge du Pigeonnier.Montée tranquille en mode touriste via les lacs du Lauzon et Bleu, c’est magnifique.
Après une bonne nuit au refuge, à 4h45 c'est le début de l'approche pour le sommet, les conditions sont excellentes, du coup je me permet le luxe de me faire un petit couloir sympa au lieu de la voie classique.
Un peu avant 8h je suis en haut je vais avoir le temps d'analyser et me poser beaucoup de questions.
Première constatation, le catabatique est puissant, deuxième constatations le vent de "sud" est en fait Nord/nord Est.
Conséquences directes, il va falloir courir, et ensuite je vais me retrouver sous le vent des Rouies, les cums qui se forment déjà n'avancent pas trop vite, je mise donc sur "sous le vent mais pas trop fort" et gérable
9h45 Déco 1 raté, pas assez de pente et surtout pas assez rapide, avec le vent de cul je termine ma course couché au milieu du glacier façon lapin anémique.Je reprends mon souffle et trouve plus loin une pente qui me permettra de me mettre travers vent et pente (sinon trop simple) mais surtout de pouvoir courir dans une zone pentue et avoir de la vitesse.Je remonte jusque là-haut comme à la pente de l'Aigle sous la voile mais à 3500 c'est un peu différent, je suis à la recherche d'un troisième poumon.
Un peu de repos et c'est reparti, cette fois ça marche, et effectivement dès que je suis en l'air au-dessus du glacier, je ressens immédiatement les effets du "sous le vent", quand je passe le glacier et me retrouve à 2000m au-dessus du chalet du Giobernney ça brasse un peu plus, un coup d’œil rapide à mon secours, ah ben non j'en ai pas pris...Et bien l'impact psychologique est immédiat.
Je mettrai un peu de temps à trouver l'échappatoire, alors que je m’acharne à descendre, d'un coup me viens l'illumination, il ne faut pas descendre mais m'éloigner, chose faite rapidement à grands coups d’accélérateurs, et voilà tout change, je me retrouve dans un air très calme, il me reste à passer deux crêtes sans avoir la moindre idée de la brise en place ou non, je prendrai donc beaucoup de marge au-dessus puis à coté pour éviter de me faire brasser une nouvelle fois au cas où, puis je profiterai enfin d'une fin de vol dans du velours.Je pose à 30m de la voiture.
Bilan de mes découvertes:-)
En haute montagne le déco pour le pilote est une autre dimension, la portance, la vitesse de course, la distance disponible sont des éléments à ne pas négliger, encore plus qu'ailleurs.
Pas de vent c’est bien mais un peu quand même c'est mieux pour gonfler, car courir la-haut c’est vraiment pas agréable surtout sur un glacier très travaillé par les orages des nuits précédentes.
L’encaissement et la géographie des lieux foutent un beau merdier dans les airs, sous-le-vent et au-vent a maitriser, indispensable.
Mon sac est encore lourd, 12 kilos c'est trop.
Mais descendre en 30 minutes sous une voile c'est plus agréable que de marcher pendant 6 heures dans les cailloux.
Les avantages et le plaisir de porter le matos là-haut étant proportionnellement bien plus important que les inconvénients, ben j'y retourne dès que possible.Et puis il y a un petit truc assez égoïste, limite sadique genre cerise sur le gâteau, à regarder les autres cordées la langue pendante et la bave aux lèvres, qui eux vont en chiez pendant encore de longues heures....
PS:Merci Michel pour tes infos....Et le partage de tes traces passées.
Le sommet est en haut à gauche, le couloir d'accès est plein centre de l'image.
Le lac bleu
Le refuge du Pigeonnnier
Le glacier et le sommet
Avant ma figure notée 8 sur 10
Panorama à la sortie du glacier
Avant de poser à la Chapelle en Valgaudemar