Petit retour du vol d'hier. Merci Gilbert et Alex pour vos compliments.
Ce matin la météo semble bonne: des plafonds aguichants mais une inversion vers 1500m.
Montée à pieds sans s'énerver, je surveille du coin de l'oeil les éoliennes immobiles à l'horizon, pas de vent. Cool, ça sent bon! Petit casse croûte au déco pour surveiller l'installation des conditions, en pensant aux copains des faces Est qui doivent avoir décollé. Pas de nouvelles, bonnes nouvelles.
Les cycles commencent à se mettre en place, je me prépare en essayant de ne rien oublier pour ce second vol de la saison. Les routines sont un peu rouillées, gaffe! Petit texto à ma moitié pour annoncer le plan de vol idéal et c'est parti.
Je décolle au moment de l'arrivée de Michel: je vais servir de fusible, tant mieux pour les suivants (dont ceux qui doivent être au rdv de 14h, en bas). Le premier thermique devant le déco me monte bien sur 100m, puis s'éteint. Me voilà prévenu, la stabilité est bien là. J'arrive à ruser un peu en me collant au relief et je me hisse lentement à la balise. Je garde le frein à main serré, il ne s'agit pas d'aller poser à St Gervais après une grande glissade. Une fois les pieds dans la falaise qui mène au Bec de l'Orient, je peu lâcher un peu les chevaux.
La transition vers le Grand Raz me remet en basse couche, c'est reparti pour une galère! En plus je n'ai pas réussi à vidanger la vessie, il faut attendre la prochaine transition, vers les Bauges. Heureusement, je monte avec une bonanza (petit clin d'oeil à Michel) et on s'aide à sortir ensemble du site. J'ai perdu du temps, je néglige le plafond et avance bas vers le nord. Arrivé devant la porte qui doit m'ouvrir le haut du massif, je ne trouve pas le thermique espéré et m'engage à plat ventre dans la vallée étroite de St Pierre d'Entremont en me jurant que c'est la seconde et dernière fois que je fais cette erreur!
Évidemment, la bonanza qui me suivait n'a pas suivi, pas folle la guêpe! Je me sort un beau thermique inespéré du fond de nul part, qui me met en bonne place pour couper le fromage et viser directement le pied du Granier, chouette! Mais arrivé dans les gencives, me revoilà dans la stabilité!! Habituellement, le pilier sud ouest du Granier fait plutôt peur avec son thermique à 10m/s. Quelle déception de batailler pour sortir à cet endroit.
En sortant la tête du massif, je constate que les cumulus du matin aperçu à l'horizon ont grossi et que ça dégénère du côté de l'Ardèche. Le côté grenoblois n'est pas folichon non plus, bien sombre...
départ à 2200m pour les Bauges, j'ai pas trouvé le plafond annoncé à 3000m.
On dirait que ça ronfle en basse couche devant moi, la brise est bien en place. Tu m'étonnes, je suis grave à la bourre, il est 16h! Pause buffet pendant la transition, passage aux toilettes et on se reconcentre pour optimiser la trajectoire. Coup de bol, une voile est partie avec moi du Granier, légèrement plus bas et devant. Arrivé dans la pente léchée par la brise, je peux exploiter ses infos et me sortir plutôt facilement de ce coin malaisé, peuplé de planeurs en provenance de Challes les Eaux. Une voile de compète nous rejoint et nous optimisons les conditions pour faire un joli plafond sur le colombier (sous lequel j'ai encore galéré dans les basses couches) et une belle pointe à 70km/h. Le cunimb de l'ardèche commence à sérieusement envahir le ciel de sa chevelure, il faut cravacher pour rester au soleil. La traversée des Bauges se fait facilement, aidé par une grosse quantité de voiles, donnant des infos de partout.
L'ombre me rattrape après la traversée du lac d'Annecy, où je commence à penser à me poser. Je me fait un peu violence pour continuer, la bière de Planfait me fait de l'oeil...
Je me remotive, range les lunettes qui ne servent plus à rien et m'applique à faire le plafond, en surveillant comme le lait sur le feu le Cb au loin dont j’aperçois les trombes d'eau. Je me jette sous le Parmelan, lieux inconfortable parce que venté et convectif à souhait, un peu comme le pilier du Granier. Mais avec l'extinction de la lumière, je compte sur l'inertie de la masse d'air pour me remonter. Pari gagné! J'arrive au sommet et profite d'une très longue glissade, le long des Aravis, jusqu'à l'entrée de la vallée de l'Arve, en espérant atteindre une ville d'où je pourrais organiser mon retour.
Posé content à La Roche sur Foron, à 19h30. J'informe ma moitié et les copains partis des faces Est de ma fin de vol, petit coucou par texto aux potes du coin et je file à la gare prendre le dernier train pour Annecy, où un lit m'attend.
Conclusion: l'objectif de la saison est atteint dès ce second vol, il était d'améliorer le vol St Pierre-Annecy de 2021. Il reste encore à traverser le Chablais pour aller poser au bord du Léman, mais il faudra éviter de faire du tourisme en basse couche comme aujourd'hui et avoir un régime de vol plus rapide. Peut être un jour... ou peut être par un autre pilote.
Post-scriptum: bien repérer un logement à Evian les Bains, sinon dodo dans la voile assuré.