Bonjour les amis.
Tout d'abord merci pour vos pensées, vos encouragements, vos visites et vos messages (et les chocolats) qui m'ont beaucoup touché ainsi que Peggy.
Depuis l'opération la douleur se dissipe et je commence à voir un peu plus clairement ce qui c'est passé durant le sketch.
J'étais au dessus des avant-reliefs de la Chartreuse en train de transiter du nord au sud vers le plateau des Petites Roches. J'apprendrai plus tard que le lieu dit s'appelle la Combe de Marcieu.
Les conditions étaient toniques mais je n'avais pas vraiment vu de signes pouvant laisser croire à un renforcement de l'activité aéro, la journée était belle, on avait déjà fait des beaux plafs, bref tout allait pour le mieux.
Ceux qui ont déjà vu ma trace GPS publiée plus haut l'ont certainement déjà compris j'étais en train de me mettre clairement sous le vent du relief. L'origine du sketch n'est ni la faute à pas de chance ou à des conditions trop fortes, c'est
uniquement une erreur de pilotage
de ma part.
Ce qui suit n'est pas très clair dans mon souvenir et a du se dérouler en quelques secondes. Brutalement j'ai eu une très grosse asymétrique d'au moins 75% à gauche. Je n'ai pas contré la fermeture car je suis tombé dans ma sellette du coté fermé. Cette grosse fermeture s'est logiquement poursuivit en décrochage asymétrique.
J'ai basculé en arrière et dans l'abatée qui a suivit j'ai eu le temps de voir que je faisais maintenant face aux reliefs. L'abatée était asymétrique, je me retrouve au dessus de mon aile... et je tombe dans les suspentes.
J'ai tout de suite le réflexe de porter la main au secours ventral mais je doit être emmêlé dans les suspentes. Le pod pendouille à côté de moi. En dessus l'aile est complètement cravatée : elle ne rouvrira pas. J'arrive à rattraper mon pod que je relance le plus loin possible. Quand je vois qu'il ne s'ouvre pas la deuxième fois je réalise que mes pieds sont coincés dans les suspentes. Je sais alors que l'impact est imminent.
Impact! Directement sur le dos. Je sens tout de suite une très forte brûlure dans la colonne. Pour l'instant je n'arrive plus à respirer. J'arrache le casque et la cagoule pour reprendre mon souffle. Il y a beaucoup de pente et j'ai très mal au dos. Je parviens à bloquer mes jambes avec une branche pour éviter de glisser et je lance un appel radio pour alerter les copains.
Très vite un hélico tente de me localiser mais je ne suis pas visible. J'arrive à allumer mon smartphone pour lire mes coordonnées GPS que je transfert en radio à Dom qui traduit pour les pompiers. Il est donc important de noter que dans mon cas, l'utilisation de la radio et du GPS ont permis aux secours de me trouver très rapidement. Au passage voici le message que m'ont laissé les pompiers lorsqu'ils tentaient de me localiser. Si quelqu'un connais du monde au 18 parler lui du 143.9875.
La suite c'est l'arrivée de la toubib et du secouriste qui vont me médicaliser et me sortir de là. Ces gens font un travail remarquable, ils ont sauvé ma peau. Suivra l’hélico et le déchocage où j'ai eu l'occasion de goûter des drogues particulièrement efficaces. Je m'en tire juste avec deux vertèbres cassées. J'ai eu
ENORMEMENT de chance.
Si je vous fait part de cette histoire c'est pour plusieurs raisons.
- Premièrement je suis encore capable de témoigner et ce n'est pas peu de chose
- Deuxièmement je reste persuadé que le parapente n'est pas un sport dangereux, c'est un sport à risques. Je refuse la fatalité qui fasse que tout les ans nous contions nos blessés. J'ose croire que ce témoignage peut avoir une influence positive.
- Troisièmement vous avez été très nombreux à me demander ce qui c'était passé et comment je l'ai vécu. Pour moi ça été douloureux mais je n'ai pas eu le temps d'avoir peur. Ceux qui étaient avec moi et ma famille ne peuvent pas en dire autant. Encore une fois je les remercie.
Ce 7 mai j'ai eu beaucoup de chance et beaucoup d'amis. Je terminerai aussi avec une pensée à nos amis qui ont eu des accidents mais qui ont eu beaucoup moins de chance que moi. Aujourd'hui je marche et il est plus probable que je revienne voler avec vous. Ce ne se sera pas demain mais ça sera.
Alban